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La captive
J'aimerais être libre, au moins une journée,
Une heure, une minute ; oublier mon destin,
Mon pré carré, mon île, où je passe l'année
À battre le pavé pour un bonheur lointain
Dont l'image est vouée à vivre condamnée.
J'aimerais, comme vous, partir me promener,
Humer l'air de la rue aux senteurs composites,
M'offrir à la rumeur, pouvoir embobiner
Ses échos, ses couleurs, autour de mes visites,
Autour de mes exils, et puis, papillonner.
J'aimerais voir danser les enfants du tumulte,
Leur emboîter le pas sur la piste aux espoirs ;
Que leur valse me happe, ou, mieux, me catapulte
Vers des matins sans murs, loin des quatre butoirs
Que sont mes coins perdus, que chaque ailleurs occulte.
Mais je demeure ici, plate comme l'ennui,
Sous vos regards blasés tout en carreaux de verre.
Et si quelque chaleur jaillit d'eux quand la nuit,
Sans trembler du talon, me piétine, il s'avère
Qu'il faut à vos sommeils ce plein noir qui me nuit.
Vous pensez sûrement : de quoi donc se plaint-elle ?
Les grands peintres du ciel lui font de beaux tableaux,
La couvrent d'or, d'argent, de laine, de dentelle...
Bien sûr qu'un ange peut se répandre en sanglots ;
Est-ce trop cher payé pour une œuvre immortelle ?
Seulement, tout cela, vous l'avez, vous aussi...
À ces peintres du ciel, leur dites-vous merci ?
J'aimerais être libre, au moins une journée,
Une heure, une minute ; oublier que je suis
Cette cour à son sort asservie, enchaînée.
Dans mon rêve obsédant, je marche, je vous suis,
L'âme en plume d'oiseau, jamais plus bétonnée.
10138 © 2018
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Commentaires
Bonjour Fabrice, c'est vrai que notre liberté n'a pas de prix mais ton texte est très joli
Enfin, une journée d'hier attendue depuis un temps certain, un mercredi, ou le soleil c'est levé avec le jour, pour un couché avec la tombée de la nuit !
Pour notre jeudi, pourquoi pas la même punition.
Peu importe un temps plus frais et sec seul le soleil est primordiale pour le moral
Bisous mon ami et a demain !
un très beau texte qui offre plusieurs interprétations----
c'est subtilement mené !
on se croirait dans une enquête policière--
bravo !
bisous- bonne journée-4RéjaneJeudi 15 Mars 2018 à 08:33Comme il est beau ce texte ! une poésie fine, ciselée, belle comme une toile de Maître, un vrai régal, merci l'ami :)
Du grand, du très grand Fabrice !
J'en ai froid dans le dos...
Merci à toi, tu m'as rappelé quelques souvenirs. Ma page du jour sera comme un parloir de blog à blog...
Un très grand bravo pour cette page.
eMmA
à éditer ce poème (comme les autres d'ailleurs) toutes ces choses privées de liberté parfois enferment les hommes qui y sont noyés dans le confort qu'ils pensent les protéger ...
amitié .
J'avais d'arriver à la fin pour savoir la chute !
J'adore le suspense !
Merci du partage AMI FABRICE
Coucou Fabrice,
Privée de liberté.... je meurs ! Liberté, Ô liberté chérie, je ne peux vivre sans toi !
Bises et bon jeudi
Il y a parfois des êtres humains qui sont enfermés... dans leur liberté ou... tout du moins, ce qu'ils considèrent comme la liberté. Mais ils sont enchaînés et oublient de vivre. Bises alpines.
Splendide ode, avec des vers très beau comme celui-ci
« L'âme en plume d'oiseau, jamais plus bétonnée. »
Magique ⭐️
Bonjour Fabrice ...
Même bétonnée entre quatre hauts murs, elle a sur la tête un petit bout de ciel. Ce petit bout de ciel qui permet tous les rêves. Et les rêves ne sont-ils pas notre liberté que rien ne pourra jamais entraver ?
Bravo pour ce poème qui offre l'évasion à l'esprit ... Et tiens, au fait, une cour, n'est-ce pas l'endroit où un peu de "liberté" est accordée à ceux qui en sont privés (physiquement) ?
Bises Fabrice ... passe une belle journée (dernier jour avant de retrouver la liberté du week-end )
Bonjour Fabrice,
Je la crois avant tout prisonnière d'elle-même mais le sait'elle vraiment ? N'accusons pas le dehors de ce qui nous manque au dedans ! Belle et douce soirée à toi. Je t'embrasse. Joëlle
Bonjour Fabrice,
Voilà un bien beau poème, bien construit comme je les aime... et une façon inattendue de "faire la cour" !
Bon weekend.
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Dimanche 18 Mars 2018 à 11:42
Un petit oubli à propos de tableaux et sanglots : 'o' ouvert pour le premier, fermé pour le second.
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Lundi 19 Mars 2018 à 09:21
Je dois avouer que je me suis laissé porter avec confiance par ma façon de prononcer ces deux mots, l'un et l'autre avec un o fermé. Puis, ton commentaire m'a interpelé. J'ai ouvert mon dictionnaire, et lui, il me propose, en phonétique, un o fermé pour l'un et l'autre. Du coup, je reste un peu perplexe...
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Lundi 19 Mars 2018 à 19:20
Je viens de vérifier : le Littré est d'accord avec moi. Dans quel dico as-tu regardé ?
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Mardi 20 Mars 2018 à 00:15
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Bonjour Fabrice ...
Je suis venue te faire un ti coucou et t'offrir toute mon amitié en cette journée qui s’annonce sibérienne, il y a ni a pas de nuages pour l'instant c’est uniformément gris et ils n’annoncent pas de soleil
Je te souhaite un magnifique samedi de st Patrick et un excellent weekend..♥ Gros bisous mon ami ♥
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Cette liberté, elle n'a pas de prix !!!
Mais, qui l'a perdue, peut encore comprendre davantage !
Ces beaux tableaux du ciel contemplés de là où l'on choisit le lieu
est toujours bien mieux ; béton en moins bien entendu ! Oui !
Bonne journée Fabrice !
Bises♥