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Par [ Fabrice Parisy ] le 10 Avril 2018 à 00:00
J'étais jeune et joli, maman.
J'avais toute la vie offerte
À mes rêves en fleurs, maman.
Et la fougue insolemment verte.
Tu me disais toujours : tu sais,
Le plus dur, c'est d'ouvrir les portes.
Non de les rencontrer. Tu sais,
Il en est de toutes les sortes.
Et chacune a sa propre clé.
Si déjà tu t'en trouvais une...
Mieux vaut un verrou débouclé
Qu'écrire des plans sur la lune !
Il volait dans mon cœur, maman
Des papillons, des hirondelles...
Le printemps tapageur, maman,
Promettait l'or à mes chandelles.
J'en ai trouvé des clés, tu sais.
J'en ai visité des serrures,
Des chambres, des salons, tu sais.
J'en ai caressé des dorures
Sous les grands lustres de juillet,
Dans les champs d'août couronnés d'ambre,
Mais... La paille d'un nid douillet
Manque encore. Et s'en vient septembre.
Je crains d'être trop mûr, maman,
Comme un fruit oublié ; la messe,
Serait-elle dite, maman ?
Que reste-t-il de la promesse ?
Quand je vois ce trousseau de clés
Devenu si lourd pour ma poche,
Je pense à mes devoirs bâclés,
À tout ce que je me reproche ;
S'il se cache un été indien
Derrière les ultimes portes,
Je le croquerai mieux que bien,
Avant le temps des feuilles mortes.
10228 © 2018
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