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    En ce temps-là, Mam'zelle Azélie

    Avait un cœur de gel et frimas ;

    Aussi glacial qu'en Terre-Adélie

    Est le soleil ! disait-on là-bas,

    Sur son îlot de Marie-Galante.

     

    Elle se taisait.

     

    On l'appelait la polaire fille,

    L'inépousable, au grand dam d'Adam,

    Son vieux papa, fin comme brindille,

    Dont le sourire armé d'une dent

    Faisait glousser tout Marie-Galante.

     

    Elle se taisait.

     

    Les jouvenceaux, même Jean-Fulgence,

    Le moins railleur d'entre eux, refusaient,

    Narquoisement, d'avoir l'obligeance

    D'être courtois quand ils la croisaient

    Sur les marchés de Marie-Galante.

     

    Elle se taisait.

     

    Puis, un beau jour, venu de Cayenne,

    Un gentleman sans vilains penchants

    Fit de son givre une histoire ancienne,

    Laissant pantois et cois les méchants,

    Au vent salé de Marie-Galante.

     

    Elle se taisait.

     

    Mais savait bien, Mam'zelle Azélie,

    Qu'il lui faudrait boire goulûment

    Ce pur bonheur, et jusqu'à la lie,

    Sans craindre alors le goût du piment,

    Quitte à partir de Marie-Galante.

     

    Et ça lui plaisait !

     

     

     

     

    Mam'zelle Azélie   Mam'zelle Azélie

    21382 © 2022


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