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    Je la vois, pâle et tourmentée,

    Aller, venir, sous les flonflons

    D'une saison mouvementée

    Qui pousse à bout tous les boulons ;

    Une tempête se dévisse,

    Le toit du jour laisse passer

    Un déluge en libre-service

    Qu'elle se met à ressasser.

     

    Elle se gonfle, se dégonfle,

    Monte, et retombe dans un creux ;

    Sous les plis de sa robe ronfle

    Un coquillage malheureux,

    C'est un naufragé qui déplore

    La fuite de l'amant-soleil

    Dont plus un rayon ne déflore,

    Pour le moment, l'amer sommeil.

     

    Si le vieux qui lui distribue

    Des clins d’œil inlassablement

    Rêve encore de l'avoir bue,

    Elle s'en moque éperdument.

    Le pauvre peut rêver, madame

    N'entend pas rallier sa tour ;

    Les phares ne sont pas sa came,

    Pas question de cage d'amour !

     

    Je me suis assis devant elle,

    La mer, belle, même en hiver,

    Entre véhémence et dentelle,

    Quand elle parle à cœur ouvert.

    Dans mon objectif impudique,

    Aussi voyeur que chapardeur,

    Je l'emprisonne, méthodique,

    Pour mieux vous offrir sa splendeur.

     

     

     

     

    La mer en photo   La mer en photo

    21221 © 2021


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