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    J'ai de l'hiver entre les cils,

    Des larmes de frimas figées

    Dans le gris bleu de mes avrils

    Peuplés de roses naufragées.

     

    J'ai de la neige sur le cœur

    Qui se floconne en longs décembres ;

    Le froid, tel un bourdon piqueur,

    Ne butine pas que mes membres.

     

    Toi, tu tiens l'été dans tes mains.

    Et t'emmielle jusqu'au sourire

    La tendre fureur des jasmins

    Qu'aucune encre ne peut décrire.

     

    Toi, tu couds des perles d'azur

    Sur les virgules de tes phrases ;

    Si d'aventure un point obscur

    Marque ta page, tu l'écrases.

     

    Mais quels improbables courants

    Ont réuni nos antipodes,

    Eux si lointains, si différents,

    Comme le sont Spitzberg et Rhodes ?

     

    * * *

     

    Pose tes rimes sur mes vers

    Et marions nos majuscules ;

    Tu dégivreras mes hivers,

    J'adoucirai tes canicules.

     

     

     

     

    Nos antipodes

    10258 © 2018


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