Merci papa, merci maman

Arno ceci, Arno cela,

Arno qui bouge dans le ventre...

Les coups de pied ? Quel tralala !

Pas encor né, déjà le centre

Du monde aux yeux de mes parents.

Les chiens restaient indifférents.

Elle avait trois ans, ma sœur Anne.

Qui voyait-elle donc venir ?

N'avait-elle pas mal au crâne,

Quand fusait à n'en plus finir

Le prénom de ce petit frère,

Petit rival dedans sa mère ?

L'échographie, heureusement,

Avait vu juste – quelle veine !

Je n'aurais pas aimé, maman,

Vraiment pas, m'appeler Charlène.

D'ailleurs, ce  j  devant Arno,

Dis, d'où sort-il ? Pourquoi Jarno ?

Ça fait Jeannot Lapin, ou presque,

Ça matche mal avec mon look.

Original, oui... Mais grotesque !

Je n'aime pas, ça sonne plouc,

C'est de ce genre qui t'isole

Au milieu d'une cour d'école.

Jarno ceci, Jarno cela,

Jarno qui cherche sa lapine...

Les croche-pieds, ça met à plat !

C'est sûr que ça me turlupine :

Je devais m'appeler Arno,

Et l'on m'a déclaré Jarno.

Tu parles d'un cadeau... La poisse !

Merci papa, merci maman.

Navré, si ma question vous froisse :

C'est quoi, ce prénom déprimant ?

Jarno chéri, comme ton père

S'appelle Jean, et qu'avant lui,

C'était Julien pour ton grand-père,

La tradition voulait un  j.

Arno avait ma préférence...

Mais dans ma grande tolérance,

Et pour la paix dans la maison,

J'ai fini par donner raison

À ton père.

La tradition voulait un  j.

Ah, je vois, je vois... Il n'empêche,

La tradition, la tradition...

Quelquefois, un bon coup de bêche

Pour un peu de révolution,

Pour un terrain plus confortable,

Ça ne peut qu'être souhaitable.

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