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Par [ Fabrice Parisy ] le 8 Avril 2020 à 00:00
Fatou s'est infatuée
D'un Roméo de bistrot,
Bonne poire habituée
À toujours croire – un peu trop –
Le premier qui la fait rire
Avec deux, trois boniments ;
Il boira sa tire-lire
Comme elle les compliments
Qu'il a mis dans sa pommade
À l'eau de rose ! Fatou,
Quand son cœur bat la chamade,
Elle ne voit rien du tout.
Fatou, dupe infatigable
En quête du grand amour,
Tentante le soir, largable
Dès que vient le petit jour,
Au premier qui la fait rire,
Tend sa pantoufle de vair.
Conduite au bord du délire,
Elle ôte son pull-over,
Là, le chasseur tient sa proie,
N'a plus qu'à tirer ! Fatou,
Quand un chasseur la foudroie,
Elle succombe, et c'est tout.
Fatou, de femme fatale
À brebis sans dignité,
S'abaisse et prend un crotale
Pour une divinité ;
Le premier qui la fait rire
L'enivre de son venin
En lui jouant de la lyre.
Au départ, un mal bénin.
Puis, chaque morsure laisse
Des bleus tenaces ! Fatou,
Les hommes sont sa faiblesse ;
Elle leur pardonne tout.
Fatou s'est infatuée
D'un énième charognard
Qui, demain, l'aura tuée
De plusieurs coups de poignard.
Le premier qui la fait rire
Est pour elle le dernier.
Qu'on lui donne du collyre,
Qu'elle sache s'ingénier
À réparer sa berlue,
Que s'ouvrent ses yeux ! Fatou
Vit dans ses films, s'y dilue...
Elle ne voit rien du tout.
20460 © 2020
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