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    J'étais roux, j'étais rond,

    Souvent le dernier de la classe...

    Jusqu'à mes dix-huit ans,

    Je pataugeais dans la mélasse.

     

    Tête de potiron,

    Qu'on me surnommait au village...

    Pas si simple, à sept ans,

    De se sentir en décalage !

     

    J'étais le laideron,

    Pire ! Une erreur de la nature !

    Mes parents maltraitants

    Me choyaient à coups de ceinture.

     

    C'était lui, le fleuron,

    Le préféré de la famille,

    Le plus beau pour longtemps,

    Mon cadet blondinet, Camille.

     

    Moi, j'étais le mouron,

    Le souci, le bâtard, le chancre,

    Sans bac à dix-huit ans,

    Petit vaurien, graine de cancre...

     

    Chaque fois qu'un juron

    Imprimait en moi son empreinte,

    Les lendemains chantants

    S'éloignaient, semblaient hors d'atteinte.

     

    J'étais roux, j'étais rond,

    Timide, et n'attirais personne

    Jusqu'à mes vingt-sept ans.

    Puis, un jour, j'ai quitté l'Essonne...

     

    Tête de potiron,

    Moins rond, presque chauve, a su plaire

    Aux yeux si consentants,

    Si bleus, d'une fille exemplaire.

     

    Je m'appelle Aaron.

    J'habite Porte d'Italie.

    Je viens d'avoir trente ans.

    Demain, j'épouse Nathalie.

     

     

     

     

    Tête de potiron   Tête de potiron

    10388 © 2018


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